En visite chez un guérisseur

Le 28  Novembre 2011.
Je vous amène dans le village où je travaille, le quartier s'appelle Keur Dioukoune. Ce village est un quartier de Lalanne , village sans électricité. Les fils électriques passent dans le village mais ils ne sont pas encore branchés, et c'est promis d'élection en élection. J'ai vécu une gamme d'émotions assez hors de l'ordinaire en visitant la maison ou les cases où je viens dîner à tous les jours. Je dois vous présenter ma famille: le grand-père est guérisseur de formation, il fait compétition avec n'importe quel CLSC du Québec quant à son achalandage. On retrouve également son fils guérisseur,un beau-frère et  quelques autres de la famille qui sont apprentis ou aide qui surveille la liste d'attente et qui les appelle. Cette famille est catholique, les gens qui consultent sont en majorité musulmane. Chaque matin il y a des taxis des autos personnelles ou des gens à pied qui attendent pour une consultation ou une guérison. Chacun a sa spécialité. Les types de maladie sont la gorge, les maux de dos, les difficultés d'avoir des enfants.
Le grand -père s'appelle BONAL DIOUF. Comme j'entre dans la famille on m'a donné le nom du père, donc au village on me nomme Bonal et on rit, car il a une réputation, d'autres qui viennent consulté sont surpris que je m.appelle BONAL: un toubab(un blanc).

Le village de Keur Ndioukoune avec le nom du guérisseur de réputation.

 La case où on prépare les mixtures pour le lavage de purification.

 La case du fond est la case du grand-père où il fait les auscultations. Auscultation est faite par la parole et de jeux dans le sable avec des petits bâtons. Il diagnostique avec la couleur du sable. On m'a expliqué cela. La maison de gauche est la résidence de Daniel (fils de Bonal Diouf)et de sa famille.

 Case cuisine , et je prépare un Tiboudjine, met presque national au Sénégal: poisson et riz avec quelques légumes. J'ai appris à faire la recette mais...

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 Lorsque le guérisseur recommande une purification, les personnes vont chercher leur sceau d'eau avec les herbes naturelles nécessaires, vont en arrière de ce rideau se déshabillent et se font cracher par le guérisseur de ce liquide de purification avec des prières. Je peux vous assurer que cette situation fut très impressionnante.

 Ici dans la case de Bonal Diouf mon homonyme, faisant les présentations de Renée.

Je vous présente un autre personnage extraordinaire, c'est Véronique, la belle-fille de Bonal Diouf mère de  8 enfants. Je n'ai pas de qualificatifs pour décrire l'envergure et le rôle qu'elle joue au village et en ville de Thiès. C'est une femme éduquée, d'entrepreneurship, d'un charisme, d'expérience et qui écrit des poèmes. Elle ne croit pas aux gris-gris et autres objets animistes d'un autre âge. Elle ne se fait pas soigner ni ses enfants par leur père guérisseur. Fervente chrétienne.Féministe dans un pays de mâles
Pour subvenir à la famille, Véronique sert des collations déjeuners aux personnes en attente.

J'entends déjà des commentaires : le taux de guérison chez les guérisseurs...je ne le sais pas, mais ils reviennent..

Maintenant je vous emmène toujours dans le village à mon travail.
J'avais comme mandat l'alphabétisation. Lors de la première réunion à la case du regroupement de femmes, où se trouve la machinerie pour la transformation des arachides, je fais un premier cours de deux heures. Les meilleures en français dont Véronique répondaient à mes questions mais les autres pas et ça baillait car le cours se tenait à 5 heures sénégalaise donc 5 h. et quart et demi. Il faut savoir qu'au Sénégal les femmes travaillent énormément. Levées vers 6 h. préparer le petit déjeuner, aller au marcher tenue en coopérative , préparer le repas du midi car au feu de bois ce n'est pas évident. On déjeune vers 2h., on va au champs pour certaines c'est la 2ième fois de la journée  Elles reviennent et préparent le repas du soir s'occupent des enfants et la journée se termine vers 8-9 h  OUF J 'ai donc frappé un mur. Je retourne après voir Véronique et je lui propose une autre façon de faire. Je ferai l'école à la maison, de façon individualisée et personnalisée. Autre objectif les cours permettront aux femmes de rester à la maison, elles sont moins fatiguées et surtout de 1 à 1
elles sont obligées de parler. Quelle expérience. Je vous propose quelques photos.

Voici le petit chemin de terre qui sépare les 2 parties du village. Ma petite savane. Je dois vous avouer que je surveillais où je mettais les pieds sur ce sable, j'ai peur des serpents et il y en avait.









Sur ces quelques images qui ne rendent pas assez justice à l'intensité des choses que j'y ai vécue, à la chaleur des rencontres, au respect mutuel, même avec le choc culturel que nous ne cessons d'être confronté.
À la prochaine
Renée et Jacques au Sénégal